C’est à partir du statut de l’enfant que l’auteur construit son approche : l’enfant est considéré comme une dimension de la Personne, en quelque sorte toujours présent en nous, non pas sous la forme naïve de l’esprit d’enfance, mais comme statut social, qui suppose une prise en charge par d’autres. Prise en charge provisoire dans le cas de l’enfant, du patient, du prisonnier, de l’élève ou de l’ancêtre, mais pour des raisons différentes, avec des chances de récupération de la citoyenneté fort variables. La prise en compte de ces « sans voix » provisoires justifie ce que Gagnepain appelle, après Montesquieu, le pouvoir modulaire, si peu pensé dans notre « démocratie providentielle », comme l’appelle D. Schnapper. La République qui fonctionne au citoyen abstrait ne peut pourtant ignorer ceux qui sont dans l’incapacité d’exercer cette citoyenneté pour des raisons diverses. Il ne suffit plus d’affirmer des droits, indépendamment des moyens de les exercer. Il faut encore penser les formes opérationnelles de prise en charge provisoire qui ne vont pas empêcher mais conduire à l’exercice effectif de ces droits.
Jean Gagnepain / mercredi 27 décembre 2006