Benedikte Zitouni / vendredi 13 avril 2007
Le 27 juin 1969, les Young Lords lancent leur première offensive à New York : armés de balais, ils nettoient l’el barrio, ghetto Porto Ricain du East Side, dont les rues regorgent de saletés, de déchets non collectés, de vitres et de décombres éparpillés et dont l’air est envahi « d’une odeur de poubelles, aux arômes et puanteurs variés » (Gandy, 2002, 165). Lorsque la lutte s’emballe, les ordures deviennent des mascottes et des alliées : barricades et batailles de poubelles ont lieu tout au long de l’été jusqu’à ce que la municipalité accepte de remplir ses obligations. Quand un homme montre du doigt une poubelle, se lie à elle et dit « voilà ce que je deviens », c’est la pensée écologique elle-même qui se radicalise : (1) l’environnement, l’el barrio, notre enveloppe urbaine nous composent, corps vivants que nous sommes ; (2) l’identification « poubelle homme » met en scène un processus de vie et de mort, d’épanouissement et d’aliénation, de croissance et de déchéance. (…)