Dr. Pierre Poloméni – "Pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans"


Dr. Pierre Poloméni / dimanche 18 janvier 2009

 

Les initiateurs de l’appel « Pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans » ont analysé avec attention le rapport Inserm sur le trouble des conduites chez l’enfant et l’adolescent.Ils s’inquiètent des dérives scientistes de ce rapport et de sa possible instrumentalisation à des fins de contrôle social. Les initiateurs de l’appel « Pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans »,forts de 120 000 signatures, mènent une action citoyenne afin de défendre le principe d’une médecine prévenante et non prédictive.


La méthode

 

L’analyse du choix de la méthode souligne :
- Le mode partisan de sélection des experts montrant le parti pris de garantir une approche théorique univoque pour un trouble complexe ;
- La non prise en compte de nombreuses conceptions de la médecine notamment de la spécificité de la pédopsychiatrie, de la médecine de PMI en France, mais aussi des sciences humaines ;
- L’approche Inserm fondée sur une stricte analyse bibliographique sans aucune analyse des pratiques de terrain, véritable déni des méthodes et pratiques de prévention et de soins de la petite enfance en France ;
- Enfin, l’absence d’évaluation du rapport alors que la Haute Autorité de Santé (ex. ANAES) recommande, lorsque il existe des controverses ou des approches différentes, de recourir à des conférences d’experts avec jury et/ou auditions publiques.

 

Le contenu

 

Le trouble des conduites est défini par les experts avant tout par la « répétition et la persistance de conduites au travers desquelles sont bafoués les droits fondamentaux d’autrui et les règles sociales » (définition issue des critères du DSM IV). Voici donc un « trouble », au sens de la médecine puisque nous sommes dans ce champ, dont la définition même fait appel au droit et à la règle sociale (et non classiquement à la règle biologique et à l’humain). Il aurait été donc nécessaire d’avoir des appuis et des références tant du côté des sciences fondamentales (biologie, génétique, etc.) que des sciences humaines (sociologie, psychologie, psychanalyse, sciences de l’éducation, histoire, droit). Ces dernières sont presque totalement absentes de l’expertise.

 

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